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Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/46

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quence, redoutant le moindre tapage pour ma taciturnité, s’accusant de fautes dont je ne m’aperçois pas, se donnant un mal terrible pour tenir en ordre mon intérieur plein d’un tas d’objets aussi précieux qu’inutiles, montant une garde sévère autour de mes études, et quand, par hasard, j’ai un modèle un peu décolleté à déjeuner, baissant les paupières, très indulgents, parce que c’est le métier qui veut ça.

Au rez-de-chaussée, la salle à manger et un boudoir qu’on intitule la serre. En haut, ma chambre à coucher et un atelier plus ou moins salon. Je dessine n’importe où, sous tous les jours, au midi, au nord. J’ai partout des grandes feuilles de papier bis, feutré, avalant crayons et pastels dans un fondu qui me ravit, sans que j’y contribue beaucoup personnellement. Le marchand, en me vendant ce papier-là, prétend que lorsque j’aurai enfin épuisé son stock, je ne pourrai plus travailler. C’est probable, car je serai mort.

Francine, ma cuisinière et la femme de Nestor, est une personne encore jeune, pâle et blonde, aux traits réguliers qui durent, au début de son existence, se crisper en mille petits plis dénommés improprement rides, sous la gifle formidable d’une catastrophe qu’on ne connaîtra jamais. De temps à autre le vi-