Aller au contenu

Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sage se détend comme un linge qu’on repasse et elle daigne m’initier à son intime satisfaction : « J’ai trouvé cette fameuse pâte pour les argenteries. Monsieur verra, dans les vitrines. Ça ne fait pas trop neuf, ça fait seulement plus riche et ça conserve ! » Nuance ! Où elle travaille tout s’harmonise et l’intelligence de son métier brille par-dessus toutes les richesses de ma demeure. Elle est comme mon papier bis : elle fond les couleurs et, mes propres valeurs, c’est elle qui les défend.

Depuis que j’entends raconter, tantôt par des duchesses, tantôt par des poules de dancings, les histoires de domestiques à faire frémir un agent des mœurs, j’apprécie de plus en plus ce couple d’officieux dévoués si bien assortis à mes appartements. Ils sont chez eux chez moi. Je ne descends jamais dans les sous-sols où ils règnent et ils ne me montent jamais de là aucune importune histoire de cuisine. N’en déplaise à mes belles amies qui, pour la plupart, ne savent pas compter, je n’ai jamais d’erreur dans mes comptes et ils ont pour moi un respect du cher maître que j’avoue ne pas mériter.

En cette très vieille demeure où je viens me reposer de tous les tracas et fracas modernes, la lumière du jour, ou de la nuit passe, tendre, voilée, clarté verte ou lueur d’ambre, comme une onde lustrale assouplis-