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Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/51

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beauté en truffe. C’est bien excitant, mais je n’ai toujours pas faim. Dissimulons.

Sirloup approuve et tire la langue quand je lui repasse le plat à peine entamé. Il avait des idées là-dessus, malgré la soupe. Je ne connais pas d’appétit comparable au sien, sinon le mien, quand je suis dehors…

Au dessert, il happe au vol une mandarine glacée, puis demande la porte. Sirloup sort tous les soifs pour son tour de jardin, sa ronde minutieuse de policier. On peut dormir sur ses deux oreilles quand il a inspecté nos entours, il ne peut rien y rester de vivant, pas même un mulot.

Moi, debout, devant la porte opposée, celle de la serre j’hésite. Pourquoi entrer là ? Qu’ai-je à y faire à présent ? Où Francine a-t-elle mis la lampe ce soir ? Et les journaux ?

Si j’allais me coucher tout de suite ? Non. Si je vais me coucher, Sirloup grattera plus tard. Il faudra me déranger pour lui ouvrir, car il dort dans ma chambre.

Je regarde les moulures de cette porte qui luisent sournoisement à la flamme dansante des bougies. Francine est derrière moi, tout à coup.

— Monsieur trouvera sa verveine… comme d’habitude.

Ah ! comme d’habitude ! Quelle geôle,