Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/96

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lons et ça finira par des rires de pécheresses.

Dans la maison de ce peintre on vit en Italie. Le plafond trompe-l’œil, se voile à demi du treillage doré d’une pergola, d’où retombent des cascades de roses jaunes. L’éclairage, très doux, donne l’illusion d’une nuit de pleine lune. On pénètre dans un jardin où il fait chaud comme en été. Le long des volières, aux barreaux de feuillage, des oiseaux réveillés par la clarté poussent des cris de joie aigus et lancent le jet empenné de leurs menues flèches multicolores. De l’eau gazouille avec eux sous le gazon du tapis dans un canal de marbre, qui traverse la haute laine couleur de mousse où l’on enfonce jusqu’aux chevilles. Les murailles d’une pierre translucide veinée de jaune pâle, percées en arcades se contrariant, font fuir les salons voisins dans une étrange perspective. Sous l’une de ces arcades, au fond d’une niche de lierre, une Diane ancienne, à regards morts, nous menace de son arc vide. Toutes ces choses artificiellement vraies sont de mauvais goût, parce qu’on ne peut se mettre en harmonie avec elles que sous la tunique romaine ou des travestis de carnaval très fête galante. Si les roses ne sentaient pas si bon, ce serait intolérable.

Carlos Véra nous reçoit en costume d’atelier, toujours le même, moins les taches, large