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Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome3.djvu/115

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TRAGÉDIE. 107

SCENE III.

MATHAN, NABAL.

N A B A L.

J-JEURS enfans ont déjà leur audace hautaine. Mais que veut Athalie en cette occafion ? D'où naît dans fes confeils cette conrufioa i Par l'infolent Joad ce matin offenfce , Et d'un enfant fatal en fonge menacée , Elle alloit immoler Joad à fon courroux , Et dans ce temple enfin placer Baal &: vous» Vous m'en aviez déjà confié votre joie , Et j'efpérois ma part d'une fi riche proie. Qui fait changer ainfi fes vceux irréfolus ?

Ma t h a n. Ami , depuis deux jours je ne la connok plus^ Ce n'eft plus cette reine éclairée , intrépide , Elevée au defius de fon fexe timide , Qui d'abord accabloit fes ennemis furpris , Et d'un inftant perdu connoiffoit tout Je prix. La peur d'un vain remords trouble cette grande amc j Elle flotte , elle héfite , en un mot , elle efl femme, J'avois tantôt rempli d^ amertume & de fiel Son cœur déjà faifi des menaces du ciel. Elle-même , à mes foins confiant fa vengeance » M'avoit dit d'aflembler fa garde en diligence. Mais , foit que cet enfant devant elle amené , De fes païens , dit-on , rebut infortuné , Eût d'un fonge effrayant diminué l'allarme , Soit qu'elle eût même en lui vu je ne fais quel charme j J'ai trouvé fon courroux chancelant , incertain , Et déjà remettant fa vengeance à demain. Tous fes projets fembloient l'un l'autre fe détruire. Du fore de cec eafanx j.e me fuis fait inftruire ,,

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