Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/131

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découvrit une petite porte, en même temps qu’il entendait des accents pareils aux élans de ferveur d’une personne en prière. Il poussa la porte, qui ne résista pas, et se trouva à sa grande surprise en présence d’un religieux agenouillé au pied d’un crucifix, et si profondément absorbé dans sa dévotion qu’il ne s’aperçut pas de l’arrivée d’un étranger. C’était un moine à cheveux blancs. La douceur et la mélancolie empreintes sur ses traits touchèrent Vivaldi et inspirèrent quelque confiance à Elena. Tiré de son recueillement par la voix du jeune homme, le religieux témoigna un vif étonnement et s’informa du motif de sa présence et de celle d’une femme dans ce lieu. Vivaldi lui dit franchement quelle était sa situation et lui fit part de son embarras. Le religieux l’écoutait avec une profonde attention, jetant des regards compatissants tantôt sur lui, tantôt sur Elena. La pitié qui le sollicitait en faveur de ces étrangers semblait combattue par quelque considération puissante.

Ma fille, dit-il, si je me trompe, c’est bien vous que j’ai vue ce matin dans l’église. C’est vous qui avez protesté contre les vœux qu’on voulait vous faire prononcer ? Ignoriez-vous, mon enfant, les conséquences terribles d’un semblable refus.

— Hélas ! dit Elena, je n’avais le choix qu’entre deux malheurs.

— Saint homme, dit Vivaldi, je ne puis croire que vous soyez de ceux qui oppriment l’innocence ou qui aident à la persécuter. Ah ! si vous connaissiez les malheurs de cette jeune personne, si vous saviez que, seule au monde, orpheline, elle a été arrachée à sa demeure au milieu de la nuit, que des scélérats