Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/14

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poursuivaient leur route en silence, guidés par l’étoile polaire. Tout à coup, quelques sons touchants parviennent à son oreille, et lui rappelant ceux qu’il a entendus dans l’église de San Lorenzo. Frappé de ce souvenir, il s’élance dans le jardin du côté d’où vient la voix ; et, faisant le tour de la maison, il arrive à un massif d’où il entend distinctement Elena chantant un hymne à la Vierge et s’accompagnant d’un luth dont elle tirait les accords les plus mélodieux. Il demeura quelque temps en extase, osant à peine respirer, de peur de perdre une note de ce chant si suave ; bientôt les interstices d’une touffe de clématites lui laissèrent voir Elena dans une chambre dont les jalousies étaient ouvertes pour donner passage à l’air frais. La jeune fille se levait d’un prie-Dieu où elle venait d’achever sa prière ; une ferveur religieuse se peignait dans ses regards levés vers le ciel. Ses beaux cheveux étaient négligemment rassemblés sous un réseau de soie ; seules quelques tresses échappées se jouaient sur son cou et encadraient son beau visage, qu’aucun voile jaloux ne dissimulait plus.

Le jeune homme, partagé entre le désir de saisir une occasion qu’il ne retrouverait peut-être jamais et la crainte d’offenser Elena en se montrant à elle à une heure si avancée, hésitait tout troublé, lorsqu’il l’entendit pousser un soupir et prononcer un nom avec un accent d’une douceur remarquable… Était-ce une illusion ? Celui de Vivaldi, le sien ! Muet d’émotion, il écarta doucement les branches de la clématite. Elena s’avança vers la croisée pour fermer les jalousies ; le jeune homme, incapable d’un plus long