Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/15

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empire sur lui-même, se montra ; elle tressaillit et demeura immobile un instant, puis, d’une main tremblante, elle ferma la fenêtre et quitta son appartement.

Vivaldi, désolé, erra quelque temps dans le jardin redevenu silencieux ; puis il reprit tristement le chemin de Naples. Alors, pour la première fois, il se posa une question qu’il aurait dû se poser plus tôt : pourquoi avait-il recherché le dangereux bonheur de revoir Elena lorsqu’il savait que l’inégalité de leurs conditions serait, aux yeux de ses parents, un obstacle insurmontable à leur union ? Il s’abîmait dans ses réflexions, tantôt presque résolu à ne plus voir la jeune fille, tantôt rejetant bien loin cette idée qui le désespérait, lorsque au sortir d’une voûte, vieux débris d’un immense édifice – la forteresse de Paluzzi – dont les ruines s’étendaient au loin, une forme noire parut se dresser devant lui et croisa sa route. C’était un homme vêtu en religieux, dont le visage était caché sous un large capuchon. Cet homme s’arrêta pour lui dire :

— Vincenzo de Vivaldi, vos pas sont surveillés ; gardez-vous de retourner à la villa Altieri.

En achevant ces mots, il disparut dans l’obscurité de la nuit, avant que Vivaldi, interdit d’une interpellation si brusque, eût pu en demander l’explication. Il appela l’inconnu à haute voix et à plusieurs reprises ; mais l’apparition ne revint pas.

Le jeune comte rentra chez lui, l’esprit frappé de cet incident et tourmenté d’un vague sentiment de jalousie ; car le résultat de ses réflexions fut que l’avis qu’il avait reçu provenait de quelque rival. Ce