Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/16

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fut alors qu’il découvrit toute l’étendue et toute la violence de son imprudente passion. Souffrant d’un tourment jusqu’alors inconnu, il résolut à tout risque de déclarer son amour à la jeune fille et de demander sa main. En rentrant au palais Vivaldi, il apprit que sa mère avait remarqué son absence, qu’elle s’était informée de lui plusieurs fois et qu’elle avait donné ordre qu’on lui annonçât son retour. Cependant elle s’était couchée ; mais le marquis, rentré peu d’instants après son fils d’une excursion dans la baie, où il avait accompagné le roi, jeta sur le jeune homme des regards d’une sévérité inaccoutumée et le quitta sans explication.

Vivaldi, renfermé chez lui, se mit à délibérer, si l’on peut donner ce nom à un combat de passions contraires où le jugement n’entre pour rien. Il se promenait à grands pas, tour à tour troublé par le souvenir d’Elena, enflammé de jalousie, ou alarmé des suites de la démarche qu’il était enclin à risquer. Il connaissait assez les idées de son père et le caractère de sa mère, pour être certain d’avance que jamais ils ne voudraient se prêter au mariage qu’il rêvait ; et cependant, quand il y réfléchissait, son titre de fils unique ne lui donnerait-il pas le pouvoir de les fléchir ? Tout à coup, une nouvelle crainte l’assaillit : si Elena avait déjà disposé de son cœur en faveur d’un rival imaginaire ? Mais il se rassurait en se rappelant le soupir et le nom qu’il avait cru surprendre. Le jour naissant le retrouva dans les mêmes perplexités. Bientôt pourtant sa résolution fut prise, telle qu’on devait l’attendre de son âge et de son cœur passionné : il sacrifier