Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/82

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— Vous ne pourrez jamais, ajouta l’abbesse, reconnaître assez dignement la générosité de la noble dame qui vous laisse le choix entre ces deux partis. Après l’injure qu’il n’a pas dépendu de vous d’infliger à sa famille, quand vous ne deviez attendre d’elle qu’un châtiment sévère, elle vous permet d’entrer en religion parmi nous ou, si vous n’avez pas assez de vertu pour renoncer à un monde pervers, elle vous autorise à y rentrer sous la protection d’un époux dont la condition serait assortie à la vôtre.

Elena rougit, blessée dans sa fierté, et ne daigna pas répondre. Elle se sentait profondément indignée en voyant donner à des actes de la plus injuste tyrannie les couleurs d’une indulgence généreuse. Elle ne se montra pas d’ailleurs fort troublée en apprenant les projets tramés contre elle ; car depuis son entrée à San Stefano, son courage s’attendait à tout. Ce n’était qu’en pensant à Vivaldi qu’elle le sentait faiblir et que ses maux lui paraissaient intolérables.

— Vous ne répondez pas ? lui dit l’abbesse après avoir attendu quelques minutes. Est-il possible que vous soyez si insensible aux bontés de la marquise ? Je ne veux pas cependant vous presser trop vivement. Vous pouvez vous retirer dans votre chambre pour réfléchir mûrement à votre décision ; mais songez que vous n’avez à choisir qu’entre l’un ou l’autre des deux partis qui vous sont proposés.

— Madame, répondit Elena avec une dignité tranquille, je n’ai pas besoin de demander du temps pour me décider. Ma résolution est déjà prise, et je rejette également les deux offres que vous vous êtes chargée