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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

simplicité de sa vie, se croyait une bourgeoise. Le contraire arrive plus souvent. Sans doute elle avait été élevée dans l’orgueil de son nom, mais dans cette fierté elle ne voyait qu’une dette filiale, qui, pensait-elle, devait être celle de tous, et aussi bien des plus humbles. Mais là, déjà, ne raisonnait-elle pas noblement ?

Mariée de fort bonne heure, le métier de marin de M. de Séryeuse l’avait habituée au veuvage avant la mort de son mari. Tant par une sauvagerie naturelle, que par respect pour celui-ci, elle montrait, alors déjà, peu d’empressement envers les familles nobles qui l’eussent accueillie comme leur enfant. Puis son chagrin l’enfonça dans cette paresse. Elle s’en tint au commerce des parents de M. de Séryeuse. Cette famille composée surtout de vieilles filles, de femmes âgées, jugeait de tout assez petitement. En leur unique compagnie, Mme de Séryeuse finit par

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