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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

prendre les préjugés de l’ancienne bourgeoisie contre l’aristocratie, sans se douter, que c’était les siens qu’elle condamnait. Cela ne l’empêchait pas d’ailleurs d’agir sans cesse d’une façon qui prouvait sa naissance. Ces manières surprenaient sa belle-famille. On les mettait sur le compte d’un caractère singulier, d’un manque d’expérience.

Ainsi pour l’éducation de François, la blâmait-on un peu. On comprenait mal qu’elle laissât dans l’oisiveté un garçon de vingt ans, qu’elle ne s’inquiétât pas de lui ouvrir une carrière. D’ailleurs, ce n’était point, comme les sœurs, les cousines de M. de Séryeuse le pensaient, par fierté, ou parce que sa fortune, sans être énorme, permettait à son fils de ne rien faire. Simplement Mme de Séryeuse n’avait pas contre la paresse le préjugé des petites gens. Elle se disait qu’il ne faut rien brusquer. Elle se rendait même, malgré son aversion pour le monde, à la nécessité pour un jeune

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