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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

coïncidence dans le fait que Mlle d’Orgel n’avait paru à aucun déjeuner. Or le hasard n’y était pour rien.

Le comte d’Orgel la cachait pour des motifs complexes, dont le plus simple était qu’il la savait d’un mérite mince.

Elle n’avait d’autre qualité à ses yeux que d’être sa sœur.

Mlle d’Orgel était l’aînée. À la voir, François comprit ce qui pouvait faire trouver Anne ridicule. Elle était comme la maquette disgracieuse d’un ouvrage parfait. Son mécanisme plus grossier expliquait les horlogeries subtiles de son frère.

D’ailleurs si elle ne tenait aucune place dans l’hôtel d’Orgel, il n’en était pas de même partout. Les personnes à qui les caricatures parlent mieux qu’un dessin, lui trouvaient meilleur air qu’au comte. Elle émiettait ses après-midi en visites à des personnes fort vieilles ou fort ennuyeuses, que les Orgel négligeaient. Ces gens qui trouvaient subver-

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