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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

nais certainement pas », se dit-elle presque avec hauteur. Elle songeait encore : « C’est drôle, voilà notre meilleur ami. Que savons-nous de son existence ? »

Elle sentait une morsure qu’elle prenait pour de la curiosité.


On s’étonnera de voir Mme d’Orgel, si fine, incapable de démêler des fils si gros. Mais à force de cajoler certaines illusions de son cœur, elle en avait fait ses esclaves : elles ne l’en servirent que mieux.

Le mensonge devenait le premier mouvement de Mahaut. Comme elle se sentait triste, elle se montra gaie. Anne vint les rejoindre au jardin. Il proposa une partie de campagne. François eut le brusque désir de renoncer à son départ. La fausse gaîté de Mahaut donnait à penser qu’elle avait déjà oublié ce départ, qu’il pouvait peut-être le mettre sur le compte d’une parole en l’air. Ce fut alors qu’elle l’annonça elle-

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