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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

Mme d’Orgel se vit perdue. Elle n’avait que trop tardé. Le danger ne lui était jamais apparu si proche. Elle se décida. Le lendemain matin, elle écrivit à Mme de Séryeuse.


Ce qui est trop simple à dire, on n’arrive pas à l’énoncer clairement. Elle lui demandait de la sauver. Elle s’aperçut tout à coup qu’elle n’avait pas avoué son amour. Elle déchira sa lettre, se remit à la tâche, composant un aveu, aussi appliqué, aussi embarrassé que possible.

Mme de Séryeuse, qui n’avait jamais passé par de pareilles transes, trouva la lettre confuse. L’honnêteté, la vertu peuvent mettre dans un état d’incompréhension féroce. La mère de François, assez heureuse pour n’avoir aimé que son époux, ne croyait à la solidité des sentiments que conjugaux. Il fallait être un monstre, pour avoir un autre que son mari dans le cœur. Mais que

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