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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

C’est toute seule que je suis venue à des sentiments interdits, dont il ne sait rien. D’ailleurs si je n’étais pas la seule coupable, vous comprenez bien, madame, que ce n’est pas à vous que j’aurais le front de demander du secours. Mais vous seule pouvez obtenir de lui ce que je ne puis, moi, demander : S’il a de l’amitié pour mon mari, pour nous — ne plus nous voir ; car je ne puis plus me sauver, qu’en me sauvant de sa présence. Vous trouverez ce qui est le plus propre à le convaincre. Ce sera peut-être lui dire tout. Je n’en ai pas peur, je sais qu’il ne tirera aucune vanité de ma détresse. Heureusement il n’en coûtera à son cœur que la peine, légère à côté d’autres dont je fais la connaissance, que l’on éprouve à s’éloigner d’amis véritables. Je n’ai pas su rester cela. Mon cœur a trahi cette amitié. Il faut donc que François ne me voie plus.

« Ne dites pas que je n’ai pas le droit

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