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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

calme. Le calme, hélas ! venait de plus loin. Ayant eu le temps de s’habituer à l’idée qu’elle aimait François, elle se rendait mal compte de ce qu’une révélation pareille pouvait produire. Ce fut ce qui lui permit de parler net. À cause de cette netteté, de cette sécheresse, le comte d’Orgel ne comprit pas. Elle s’en aperçut, s’affola. On est malhabile en face d’un incrédule. Devant l’incompréhension de son mari, la comtesse, qui s’était promis de s’accuser seule, éclata. Et parce qu’elle renforçait son aveu de griefs qu’Anne jugea chimériques, l’aveu, comme le reste, apparut faux à son mari.

Que se passait-il chez Anne d’Orgel ? Croyait-il Mahaut, et ses sentiments étaient-ils paralysés par une douleur trop forte ? En tout cas, il ne sentait rien. Il lui sembla que tout lui était égal, qu’il n’aimait pas Mahaut.

Elle se tordait les mains, suppliait.

— N’ayez pas cette figure incrédule.

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