Page:Radiguet - Le Bal du comte d’Orgel, Grasset, 1924.djvu/262

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
LE BAL DU COMTE D’ORGEL

Ah ! si vous sentiez quelle cruauté est la vôtre en m’obligeant à vous convaincre d’une chose dont j’ai un tel désespoir.

Elle s’exténuait, s’enrouait à se charger, à appuyer sur les détails qui peuvent faire le plus de mal. Désespérant d’être entendue de son cœur, elle tenta de blesser plus directement l’orgueil du comte. Elle lui dit qu’il avait eu envers Naroumof une conduite inqualifiable, et lui dévoila sa fausse complicité.

Si Anne d’Orgel s’était tu jusque-là, admettant, au besoin, sa maladresse dans les choses du cœur, il prétendait remplir incomparablement son métier mondain. Mahaut visa donc juste. Mais ce fut aussi à cause de cette prétention qu’il décida de rester raisonnable, mesuré, coûte que coûte, quoi que pût dire Mahaut, et pour ne pas lui ressembler.

— Tenez, dit-il, vous êtes malade, nerveuse, méchante. Vous ne savez de

— 234 —