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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

quoi vous parlez. Je connais Naroumof ; il aurait été incapable de me cacher son humeur s’il en avait eu. Nous nous sommes séparés le mieux du monde.

Il continua :

— Vous êtes une enfant, et, voyez-vous, toutes ces idées-là viennent de ce que vous n’avez pas été élevée, scanda-t-il presque avec morgue. Pardonnez-moi, Mahaut ; je trouve risible que vous vous mêliez de m’apprendre ce que je sais mieux que personne. Vos reproches à propos de Naroumof m’enseignent, si je ne le savais déjà, que toutes vos peurs sont aussi vaines, aussi sottes… Vous avez la fièvre, vous regretterez cette scène au réveil.

Il se leva.

Mahaut se dressa à moitié hors du lit et le retint par sa manche avec une force qu’elle ne se soupçonnait point.

— Quoi ! vous partez ? vous allez partir ?

Décidé à ne pas sortir de lui-même,

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