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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

sous bien des rapports, il avait eu la sagesse de ne pas brûler les étapes. Le dire précoce, rien n’eût été plus inexact. Tout âge porte ses fruits, il faut savoir les cueillir. Mais les jeunes gens sont si impatients d’atteindre les moins accessibles, et d’être des hommes, qu’ils négligent ceux qui s’offrent.

En un mot, François avait exactement son âge. Et, de toutes les saisons, le printemps, s’il est la plus seyante, est aussi la plus difficile à porter.

La seule personne en compagnie de laquelle il se vieillît était Paul Robin. Ils exerçaient l’un sur l’autre une assez mauvaise influence.


Le samedi 7 février 1920, nos deux amis étaient au cirque Médrano. D’excellents clowns y attiraient le public des théâtres.

Le spectacle était commencé. Paul, moins attentif aux entrées des clowns qu’à celles des spectateurs, cherchait

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