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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

d’abattre le colombier. Le vieillard en était plus fier que de son château. C’était un de ces colombiers dont la possession fut un privilège féodal.

Aussi, lors du recul de nos troupes, M. d’Orgel regretta-t-il fort peu de voir la place prise par les Allemands. Leurs officiers le traitèrent avec respect. Un nom noble leur en impose, mais plus que tout autre celui des Orgel qui, dans leurs dictionnaires, occupe deux ou trois colonnes. L’Allemagne soigne la gloire de nos Émigrés, et les Orgel, au début de la Révolution, étaient partis pour l’Allemagne et l’Autriche où ils firent souche.

Lorsque les Allemands abandonnèrent Colomer, M. d’Orgel regagna Paris, afin de ne plus revoir nos chefs. L’éloge qu’il fit de l’Allemagne compromit d’avance la croix de son fils. « Les Prussiens ont été parfaits », répétait-il. Et il louait leurs bonnes manières.

— D’ailleurs, concluait-il, notre ennemi héréditaire, c’est la France.

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