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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

pas insister. Il changea de mauvaise humeur, s’en prit au mécanicien, le traita de « gourde ». Aussi bien, chaque fois que le malheureux, suant, croyait réussir, le cric, mal calé, laissait retomber la voiture. La princesse cria à la mauvaise tête :

— Dis donc, espèce de fainéant, si tu nous aidais au lieu de crâner !

Il en est de certaines situations, de certains mots, comme au jeu de pile ou face.

— Ça se gâte, pensa Paul.

Au contraire, cette phrase valut une ovation à la princesse.

Sans doute l’ovation en imposa-t-elle au colosse, car, en maugréant — ce qui était un comble, et montrait bien qu’il se rendait à un devoir, — l’homme traversa la foule, se glissa sous l’auto, et la mit séance tenante en état de repartir.

« Donnez donc un verre de porto à Monsieur », dit Hortense au mécanicien. On sortit du coffre une bouteille et des gobelets. Alors, trinquant avec le sauve-

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