Page:Radiguet - Le Bal du comte d’Orgel, Grasset, 1924.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
LE BAL DU COMTE D’ORGEL

ans s’éloigne de sa mère ? » se disait-elle. Manquerais-je de courage ? Et le chagrin filial de François, par cette loi même que formulait Mme de Séryeuse, se consolait dehors.

Une chose troublait François de Séryeuse : c’était la façon dont parlait de son père Mme Forbach ; car elle l’avait connu dans sa plus tendre enfance, si bien qu’elle parlait à François, traité en grand garçon, d’un enfant qui était son père. De même, des intimes des Forbach, M. de la Pallière, le Commandant Vigoureux disaient : « J’ai beaucoup connu Monsieur votre père » et lui en parlaient, comme ils parlaient de lui-même, c’est-à-dire d’un homme plein d’espérances.

François de Séryeuse, auprès de ce vieux cercle, jouissait d’un assez grand prestige : il le réconciliait avec la jeunesse. Il écoutait ces vieillards ; pour cette complaisance, on lui prédisait un bel avenir. Ce n’était point, disaient

— 59 —