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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

les amis de Mme Forbach, une tête brûlée, une de ces cervelles folles, qui composent la jeunesse d’aujourd’hui. De plus, on s’émerveillait de sa modestie, car, interrogé sur ses études, il ne répondait pas, détournait la conversation, la ramenait aux souvenirs. Personne chez les Forbach n’eût admis que ce jeune homme qui écoutait si bien fût un paresseux.


En dehors de ces visites, l’existence des Forbach était consacrée au « rachat des petits Chinois ». Du moins elle l’avait été jusqu’en 1914. L’enfance de François s’émerveilla de cette œuvre mystérieuse. Il savait simplement que les petits Chinois se rachètent avec des timbres-poste. Il était de tradition dans la famille de François, chez ses tantes, ses cousines, de ramasser le plus de timbres possible pour Adolphe. Celui-ci, comme son père pour les virgules, tenait un compte exact des timbres qu’on lui

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