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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

noblesse, ils étaient parvenus, sans qu’ils y aidassent, à bénéficier de leur homonymie avec les Orgel dès longtemps éteints, dont le nom se retrouve souvent dans Villehardouin à côté de celui de Montmorency. Ils réalisaient le type parfait du courtisan. Leur nom était en première place.

On pouvait donc être fort surpris des extraordinaires mensonges du comte d’Orgel, destinés à souligner sa gloire certaine. Mais pour lui mensonge n’était pas mensonge ; il ne s’agissait que de frapper l’imagination. Mentir c’était parler en images, grossir certaines finesses aux yeux des gens qu’il jugeait moins fins que lui, moins aptes aux nuances. Un Paul s’étonne de ces impostures naïves. Le comte d’Orgel ne négligeait même point le mélodrame. La cave de son hôtel lui semblait un décor particulièrement propice, comme si dans ses ténèbres on pût moins bien distinguer le faux… Un jour une bombe lancée par

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