Page:Radiguet - Souvenirs, promenades et rêveries, 1856.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Et malgré l’aube aux doigts de roses
Qui vous bannit, songes charmants,
Je retrouve paupières closes
Mes nocturnes enivrements !

Viens évoqué par mon délire
Doux météore de mes nuits !
Viens, et que ton magique empire
Ramène les bonheurs enfuis !

Mais ne viens pas coquette et folle ;
Viens sans fleurs et sans éventail,
Sans ton joyeux chant qui s’envole
D’un nid de perles et de corail !

Je ne veux plus jamais entendre
Ces airs qui m’ont fait tant de mal ;
Je n’ai que des douleurs à prendre
Parmi ces souvenirs de bal !

N’attriste pas, je t’en conjure,
Ma radieuse vision,
De ces instruments de torture
Bel ange de la passion !…