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Page:Raguey - Le Buste voilé, Roman complet no 19, 1916.djvu/47

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mière fois, par mon petit nom, vous auriez eu une bonne amie, une tendre épouse.

— Mais je ne vous mérite pas, insistai-je, et alors même que je serais digne de vous je ne pourrais vous appartenir ; vous savez bien que j’aime une autre femme.

— Ah ! c’est vrai, s’écria miss Margaret en se levant, et j’ai eu assez peu de respect de ma dignité pour me mettre en balance avec votre « fornarina ».

Et fière et dédaigneuse elle sortit de l’atelier.

Le souverain mépris avec lequel elle venait de me jeter ce mot de « fornarina » avait fait monter le sang à mon visage, et dans un mouvement de folle colère, j’avais saisi un maillet et j’allais brutalement briser son buste. Mais j’eus le temps de comprendre que je commettrais une lâcheté.

Le lendemain M. Palmer, sir Edwards et miss Margaret vinrent ensemble voir le buste achevé. M. Palmer m’exprima toute sa satisfaction, et le flegmatique Edwards poussa un cri d’admiration, et montra moins d’indifférence que la première fois, car il me pria de le faire poser immédiatement pour le sien. Mais je m’en défendis alléguant le besoin que j’avais de retourner à Prato. Comme sir Edwards insistait, miss Margaret lui dit :

— Mais, mon cher frère, vous êtes indiscret ; vous n’avez donc pas compris que