Page:Raguey - Le Buste voilé, Roman complet no 19, 1916.djvu/48

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monsieur vous disait avoir affaire à Prato ? On n’empêche pas ainsi les gens de veiller à leurs intérêts.

— Mademoiselle, je vous remercie, lui dis-je, de vous faire le bienveillant avocat de mes intérêts.

— Et vous voyez que je gagne ma cause, puisque vous pourrez partir quand vous le voudrez.

— S’il en est ainsi, je prendrai congé de vous ce soir même.

Après le déjeuner, M. Palmer me paya très généreusement.

Vers le soir, quelques instants avant mon départ, et comme je me promenais dans le jardin, je vis venir miss Margaret. Je m’avançai poliment vers elle ; quand nous fûmes l’un près de l’autre, elle me dit vivement :

— Signor Rinaldi, je ne veux pas que vous emportiez de moi un souvenir fâcheux. Oubliez, je vous prie, celles de mes paroles qui ont pu vous blesser. Rappelez-vous seulement ce que je puis vous avoir dit de bon. Je suis une nature trop franche peut-être, trop impressionnable. Je vous ai fait des aveux que je ne regrette pas. Vous ne pouvez partager les sentiments que j’éprouve ; c’est un malheur dont je souffre et dont je souffrirai seule. Si la femme a le don de l’amour et du dévoûment, elle a aussi celui de la résignation. Je saurai le prouver. Nous ne nous reverrons plus jamais sans aucun doute, séparons-nous amis. Pensez quelquefois à celle qui ne pouvant être la signora Rinaldi, veut rester et restera toujours miss Margaret Palmer. Elle me regarda en me tendant la main, et je vis perler une grosse larme dans ses yeux.