Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/158

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Elle voyait aussi la robe qu’il aurait mise. Ils font bien plaisir quand ils commencent à parler,

Et puis, tout à coup, elle se souvenait qu’elle n’était pas comme les autres. Les autres qui ont un mari peuvent être joyeuses et beaucoup rire ; elles mangent tout le jour pour avoir du lait. Le soir, à la fraîcheur, elles prennent leurs enfants ; elles s’en vont dans le village de porte en porte. On leur dit : « Comment ça va ? » « Pas mal, merci. » « Et le petit ? » « Oh ! le petit, regardez-moi ça ! » « Oh ! le beau petit ! » « N’est-ce pas ? Savez-vous combien il pèse ? Il fait déjà ses cinq kilos. » « Pas possible » ! Et la mère est tout heureuse qu’on ne veuille pas la croire.

Seulement, les enfants qui n’ont pas de père, ceux-là on n’ose pas les montrer. On les garde à la maison ; on les fait taire