Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/159

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quand ils crient ; ils deviennent grands et vont à l’école, les autres enfants ne jouent pas avec eux, on leur donne des noms. Aline pensait : « Ce n’est pas seulement moi qui suis punie, lui aussi sera puni. » Pourquoi ? Et pourquoi est-ce que Julien ne serait pas puni ? Elle sentait qu’il y a dans la vie des choses qui sont bien difficiles à comprendre.

Les feuilles tombaient. Quand les feuilles tombent, l’une tombe, l’autre suit. Elles se montrent le chemin, elles disent : « Venez-y ! » et se plaignent un peu en touchant la terre qui est froide et noire ; et l’arbre reste en haut comme deux vieux bras qui attendent. Les bois ressemblent à des fumées, la campagne est mouillée et grise, avec les carrés noirs des forêts de sapins.

Il n’y avait plus dans le jardin que deux