Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/170

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trembler sur la campagne. Les douleurs commencèrent dans l’après-midi ; avec le soir, elles grandirent. La sage-femme dit :

— Hein ? je ne m’étais pas tant trompée.

Et, comme Aline gémissait :

— Ma fille, reprit-elle, crie seulement, ça soulage ; et puis pousse quand tu sentiras que ça vient.

Après quoi, elle troussa ses manches pour être prête, mais rien ne pressait. Henriette avait mis sur le feu la grande marmite pleine d’eau. Les bûches pétillaient ; elle s’occupait, comme une ménagère qui prépare le repas. Mais elle était bien émotionnée, quoiqu’elle s’en cachât. Ce qu’il faut surtout, dans ces moments-là, c’est de ne pas perdre la tête. Et elle se raidissait. La vapeur était rose, l’eau bouillait.

La sage-femme but son café et mangea un morceau de pain et de fromage. Elle