Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/171

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coupait son fromage sur la table avec la pointe de son couteau et piquait dedans d’une main ; de l’autre elle mordait son pain, elle vidait sa tasse à petites gorgées ; et puis la remplissait, disant :

— Moi, j’aime le café, ça me donne des forces. Mais il me le faut chargé à la cartouche.

Et elles attendirent toutes les deux.

Dans la nuit, les douleurs devinrent plus vives. Aline commença de crier. Elle criait par intervalles, doucement, puis plus fort en montant et cessant tout à coup ; alors elle se plaignait ; et les cris reprenaient, longs et ensuite aigus comme des pointes de rocher ; et quand elle était épuisée, sa tête tombait en arrière ; et puis sa gorge se resserrait et les cris recommençaient. La sage-femme se frotta sous le nez.

— Oui, oui, dit-elle de nouveau.