Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/95

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Les bêtes de la nuit bougeaient dans les haies, la chouette criait dans les bois, ils s’aimaient.

C’était alors comme s’ils tombaient dans un grand trou ; et ils restaient longtemps au fond, étourdis. Mais, peu à peu, la terre, le ciel, la nuit ressortaient autour d’eux ; et ils sentaient une fatigue douce dans les membres. Le plus souvent, ils parlaient peu, ils ne savaient pas que se dire. Aline disait :

— Je t’aime tellement ! tellement !

Il répondait :

— Moi aussi.

Et c’était tout. Ils n’avaient pas besoin d’autre chose que de se voir et de se toucher. Aline mettait sa main dans celle de Julien et se blottissait contre son épaule ; le drap rugueux grattait contre sa joue. Elle disait :