Page:Ramuz - Joie dans le ciel.djvu/76

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et très raide avait été entaillée à deux places, l’une pour y faire passer le canal, l’autre pour y faire passer le chemin.

C’était juste au-dessous du bisse, qui est le nom qu’on donne à ces canaux d’irrigation qu’il y avait dans l’autre vie et qui allaient chercher très haut dans la montagne de quoi rester pleins tout l’été. Et le bisse était toujours là, avec son eau toujours la même ; tout était comme autrefois sous les pins ; les pins eux non plus n’avaient pas changé avec leurs troncs rouges nus jusqu’à une grande hauteur et ne montrant qu’à leur fin bout un petit plumet de branchage.

Ils avaient été s’asseoir ensemble au bord du bisse ; Augustine avait trempé les doigts dedans : « L’eau est aussi froide, avait-elle dit, que dans le temps. »

Il avait dit :