Page:Ramuz - Joie dans le ciel.djvu/83

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serait arrêté à toutes les fontaines, mais la tasse était sans fond. Tout vous parlait de bonheur : on ne le trouvait nulle part. Dans l’autre vie, dans la fausse vie ; et une grande amertume pour finir était venue à Augustin ; il s’était dit : « Tant pis ! qu’elle souffre, puisque je souffre ! » Il se disait aussi : « Si elle tenait vraiment à moi, elle aurait bien trouvé moyen de venir. » Mauvais cœur qu’on a tout à coup ! un mauvais cœur vous pousse dans le bon. Et une nuit : « C’est la dernière fois ! » On était déjà en automne, quand il y a ce triste grand brouillard qui est contre les pentes comme une aile cassée. Elle non plus, ne dormait pas cette nuit-là, seulement il ne le savait pas. Elle l’attendait ; il ne le savait pas. Aucune lumière à sa fenêtre ; comment aurait-il pu se douter qu’elle ne connaissait pas plus que lui le sommeil ; qu’elle l’appelait, elle aussi,