Page:Ramuz - Joie dans le ciel.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à travers l’épaisseur des murs, et toute cette couche d’air sourde, se désespérant comme lui…

Et, tout à coup, elle s’était levée. La porte avait été ouverte par elle, l’escalier descendu par elle, le gros verrou rouillé, tiré. Il y avait une force qui la faisait aller sans qu’elle y fût pour rien. Personne ne l’avait entendue. Et à présent la nuit, tout le glacé de l’air et cette grande humidité, et elle nue sous sa chemise, sans souliers, ni bas dans la boue, — mais jamais pourtant si bon air, jamais si belle nuit, jamais légèreté pareille ! Et comme elle courait ! Prends-moi, emmène-moi, fais de moi ce que tu voudras, je n’ai plus ni père, ni mère, il n’y a plus personne, il n’y a plus que toi !… Et ainsi. Et puis rien, car il n’était déjà plus là. Il avait dû se décourager d’attendre. Inutilement, avait-elle cherché partout