Page:Ranson - L’Abbé Prout, guignol pour les vieux enfants, 1902.djvu/12

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vrai ; nous sommes là en face de pantins, qui sont juste assez pantins pour avoir le droit de chevaucher l’extravagance. Mais qui nous dira la limite exacte, où ils apparaissent en bois ? Qui nous dira le point précis, où ils s’articulent d’un squelette, vêtu de chair ? C’est l’art de l’auteur de nous laisser là ce sujet, en une charmante perplexité. Comme ce sont bien des êtres vivants, et pas tout à fait des marionnettes ! Quelle vivante galerie de nos actuels bonshommes, et quelle blague sournoise de tous nos messieurs à gros ventre et à petit esprit ! Comme, à travers de folles gaillardises, perce, jaillit, éclate tout à coup l’éblouissante fusée du mot comique ! Et comme ce sont bien aussi des marionnettes et pas tout a fait des êtres vivants ! Comme l’expression, cueillie en pleine vie, se transforme, se déforme, et se reforme en pleine fantaisie guignolesque ! Comme le trait part juste, et avec les proportions qu’il lui faut pour être à la fois le mot d’un être vivant et la calembredaine d’un fantoche ! Et les tics, donc ? Quels plus habiles commentaires pour des sentiments de marionnettes, et vous verrez combien adroite est leur application !