Page:Ranson - L’Abbé Prout, guignol pour les vieux enfants, 1902.djvu/13

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Je vous recommande Gontran, le duc Gontran, le nationaliste idiot, très sûr de lui, gonflé d’importance. C’est l’homme plein de lui-même, qui ne parle pas, mais qui daigne parler. Oui, Gontran de Percefort « de la plus haute noblesse de France », daigne parler, répondre, agir. Or, savez-vous quel tic il a ?… Il souffle. Dès qu’il a daigné émettre quelque prudhommesque énormité, il souffle, du bout des lèvres, campé dans son faux col en papier, continuellement. Quelle plus jolie critique, et combien applicable au pantin, de la sotte vanité et de l’imbécile jactance ! Je vous recommande aussi, et entre tous et toutes, Clotilde, la blonde grasse, qui, en son rôle de cocotte effarouchée, a peut-être le plus joli mot de tout ce petit monde, d’une vie si ambiguë et si cocasse ; car sachez qu’elle ne peut se sentir pincée au bras ou… ailleurs — ce qui est terrible, car ce tic la fera toujours reconnaître, quand il ne le faudrait pas, — sans s’écrier immédiatement d’une voix en appel de flûte : « Maman, maman, les petits oiseaux ! » N’est-ce pas charmant, et bien parlé en marionnette ?

Gardons néanmoins toutes nos préférences