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LA MAISON DES BORIES

mon petit enfant, je voudrais ne jamais m’en aller…

— Ah ! bon. Alors vous ne vous en irez pas.

Et elle sourit et commence à gambader et à courir de droite et de gauche, en décrivant des lacets autour de moi à la manière des enfants en promenade, qui est aussi celle des chiens et des papillons.

Puis nous nous asseyons au bord d’un talus. Décidément, je ne travaillerai pas ce matin. Il me faudra affronter les sourcils mécontents de M. Durras. Pourquoi les gens ne se rendent-ils pas compte qu’il y a dans la vie des choses tellement plus importantes que le travail ?

— Carl-Stéphane ?

— Ma petite fille ?

— Qu’est-ce que vous pensez de mon oncle Amédée ?

— Je… mais… je pense qu’il est un très honorable monsieur, mon petit chat.

— Oui, bien sûr, mais qu’est-ce que vous croyez qu’il a, comme maladie ?

— Mais il n’est pas malade !

— Oh ! si. Peut-être que vous ne l’avez pas encore vu, parce que vous ne le connaissez pas depuis assez longtemps, mais vous verrez. Il est malade à cause de Laurent. Je ne sais pas trop comment, mais je crois tout de même que j’ai trouvé. Il paraît que les mamans sont malades quand elles vont avoir un bébé. Alors je pense que quand Laurent est né, mon oncle Amédée a pris la maladie à son tour. C’est pour ça qu’il en veut tellement à Laurent et à ma Belle Jolie. Vous n’avez pas remarqué comme il leur en veut ? Oh § si alors, je sais bien que vous l’avez remarqué, mais vous ne voulez pas le dire… Pourquoi vous ne voulez pas me dire les choses, à moi ? Moi, je vous dis tout, vous voyez, et c’est même bizarre, parce que je n’aime pas dire les choses, habituellement. Mais vous êtes si… si… enfin je ne sais pas comment, Carl-Stéphane.