Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/188

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perpétué. On n’a pas voulu voir que la liberté eſt le premier droit de tous les hommes ; que le ſoin de la diriger vers le bien commun, doit être le but de toute ſociété raiſonnablement ordonnée ; & que le crime de la force eſt d’avoir privé la plus grande partie du globe de cet avantage naturel.

Ainſi l’a pensé Catherine II. À peine cette célèbre princeſſe avoit pris les rênes du gouvernement, qu’il ſe répandit de tous côtés qu’elle vouloit régner ſur des hommes libres. Au moment ou ſes intentions commençoient à tranſpirer, plus de cent mille ſerfs ſe diſposèrent à la révolte contre leurs maîtres. Pluſieurs des ſeigneurs, qui habitoient leurs terres, furent maſſacrés. Cette agitation, dont les ſuites pouvoient bouleverſer l’état, fit comprendre qu’il falloit apprivoiſer les ours avant de briſer leurs chaînes, & que de bonnes loix & des lumières devoient précéder la liberté.

Auſſi-tôt eſt conçu un projet de légiſlation ; & l’on veut que ce code ſoit approuvé par les peuples eux-mêmes, pour qu’ils le reſpectent & le chériſſent comme leur ouvrage.

Mes enfans, dit la ſouveraine aux députés de