Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/189

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ſes vaſtes états : Mes enfans, peſez avec moi l’intérêt de la nation ; formons enſemble un corps de loix qui établiſſe ſolidement la félicité publique.

Catherine penſa enſuite à former des hommes ; & ce fut un mot hardi & d’une vérité frappante, adreſſé à Pierre I, qui dirigea ſon plan. Ce prince ſe promettoit le plus grand ſuccès du retour des jeunes gens qu’il avoit envoyés puiſer des lumières dans les contrées les plus éclairées de l’Europe. Son bouffon, qui l’écoutoit, plia, le plus fortement qu’il put, une feuille de papier, la lui préſenta, & le défia d’effacer ce pli. Mais s’il n’étoit pas poſſible d’amender le Ruſſe barbare : comment eſpérer d’amender le Ruſſe corrompu ? S’il n’étoit pas poſſible de donner des mœurs à un peuple qui n’en avoit point : comment eſpérer d’en donner à un peuple qui n’en a que de mauvaiſes ? Ces conſidérations déterminèrent Catherine à abandonner à elle-même la génération actuelle, pour ne s’occuper que des races futures.

Par ſes ſoins ſe ſont élevées des écoles, où la jeune nobleſſe des deux ſexes, eſt inſtruite dans les ſciences utiles, dans les arts agréables. Les ſages, qui ont vu de près ces