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Histoire philosophique
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bauche honteuſe & deſtructive, conſacrée par la religion, par les loix, par le gouvernement. La conduite militaire des peuples de l’Indoſtan, ſoit Gentils, ſoit Mahométans, eſt digne de pareilles mœurs. On entrera dans quelques détails ; & on les puiſera dans les écrits d’un officier Anglois, que ſes faits de guerre ont rendu célèbre dans ces contrées éloignées.

D’abord les ſoldats compoſent la moindre partie des camps Indiens. Chaque cavalier eſt ſuivi de ſa femme, de ſes enfans, & de deux domeſtiques, dont l’un doit panſer le cheval & l’autre aller au fourrage. Le cortège des officiers & des généraux, eſt proportionné à leur vanité, à leur fortune & à leur grade. Le ſouverain lui-même plus occupé, lorſqu’il ſe met en campagne, de l’étalage de ſa magnificence que des beſoins de la guerre, traîne à ſa ſuite, ſon sérail, ſes éléphans, ſa cour, la plupart des ſujets de ſa capitale. La néceſſité de pourvoir aux beſoins, aux caprices, au luxe de cette bizarre multitude, forme naturellement au milieu de l’armée une eſpèce de ville, remplie de magaſins & d’inutilités. Les mouvemens d’un