Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/352

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V. Arrivée de Colomb dans le Nouveau-Monde.

Ce fut au mois d’octobre que fut découvert le Nouveau-Monde. Colomb aborda à une des iſles Lucayes, qu’il nomma San-Salvador, & dont il prit poſſeſſion au nom d’Iſabelle. Perſonne en Europe n’étoit capable de penſer, qu’il pût y avoir quelque injuſtice de s’emparer d’un pays qui n’étoit pas habité par des chrétiens.

Les inſulaires, à la vue des vaiſſeaux & de ces hommes ſi différens d’eux, furent d’abord effrayés, & prirent la fuite. Les Eſpagnols en arrêtèrent quelques-uns, qu’ils renvoyèrent, après les avoir comblés de careſſes & de préſens. Il n’en fallut pas davantage pour raſſurer toute la nation.

Ces peuples vinrent ſans armes ſur le rivage. Pluſieurs entrèrent dans les vaiſſeaux ; ils examinoient tout avec admiration. On remarquoit en eux de la confiance & de la gaieté. Ils apportoient des fruits. Ils mettoient les Eſpagnols ſur leurs épaules, pour les aider à deſcendre à terre. Les habitans des iſles voiſines montrèrent la même douceur & les mêmes mœurs. Les matelots que Colomb envoyoit à la découverte, étoient fêtés dans toutes les habitations. Les hommes, les fem-