Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/495

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XX. Par quelles raiſons le Mexique ne s’eſt-il pas élevé à de plus grandes proſpérités ?

L’indolence des peuples qui habitent la Nouvelle-Eſpagne, doit être une des principales cauſes qui ont retardé les proſpérités de cette région fameuſe, mais elle n’eſt pas la ſeule ; & la difficulté des communications doit avoir beaucoup ajouté à cette inertie. La circulation eſt continuellement arrêtée par toutes les entraves qu’a pu imaginer une adminiſtration injuſte & fiſcale. Il y a au plus deux rivières qui puiſſent porter de foibles canots, & aucune n’a même ce genre d’utilité dans toutes les ſaiſons. On ne voit quelques traces de chemin qu’auprès des grandes villes : par-tout ailleurs, il faut voiturer les denrées ou les marchandiſes à dos de mulet, & ſur la tête des Indiens tout ce qui eſt fragile. Dans la plupart des provinces, la police fixe au voyageur ce qu’il doit payer pour le logement, les chevaux, les guides, pour la nourriture ; & cet uſage, tout barbare qu’on le trouvera, eſt encore préférable à ce qui ſe pratique dans les lieux où la liberté paroît plus reſpectée.

Ces obſtacles à la proſpérité publique ont été fortifiés par le joug rigoureux ſous lequel des maîtres oppreſſeurs tenoient les Indiens