Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/522

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braſſe preſque circulairement. Quatre vaiſſeaux peuvent y mouiller à l’abri de tous les vents, excepté de celui d’Oueſt qui ne ſouffle jamais violemment dans ces parages.

À quatre lieues de la rade, ſur les bords de la mer, dans une ſituation heureuſe, s’élève l’agréable bourgade d’Agana. C’eſt dans ce chef-lieu de la colonie & dans vingt-un petits hameaux, diſtribués autour de l’iſle, que ſont répartis quinze cens habitans, reſtes infortunés d’un peuple autrefois nombreux. L’intérieur de Guam ſert d’aſyle & de pâture aux chèvres, aux porcs, aux bœufs, aux volailles qu’au tems de la conquête y porter eut les Eſpagnols, & qui depuis ſont devenus ſauvages. Ces animaux, qu’il faut tuer à coup de fuſil ou prendre au piège, formoient la principale nourriture des Indiens & de leurs oppreſſeurs, lorſque tout-à-coup les choſes ont changé de face.

Un homme actif, humain, éclairé a compris enfin que la population ne ſe rétabliroit pas, qu’elle s’affoibliroit même encore, à moins qu’il ne réuſſit à rendre ſon iſle agricole. Cette idée élevée l’a fait cultivateur lui-même. À ſon exemple, les naturels du pays ont dé-