Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/523

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friché les terres dont il leur avoit aſſuré la propriété. Leurs champs ſe ſont couverts de riz, de cacao, de mais, de ſucre, d’indigo, de coton, de fruits, de légumes, dont, depuis un ſiècle ou deux, on leur laiſſoit ignorer l’uſage. Le ſuccès a augmenté leur docilité. Ces enfans d’une nature brute, dans qui la tyrannie & la ſuperſtition avoient achevé de dégrader l’homme, ont exercé, dans des ateliers, quelques arts de néceſſité première, & fréquenté, ſans une répugnance trop marquée, les écoles ouvertes pour leur inſtruction. Leurs jouiſſances ſe ſont multipliées avec leurs occupations ; & ils ont été enfin heureux dans un des meilleurs pays du monde : tant il eſt vrai qu’il n’y a rien dont on ne vienne à bout avec de la douceur & par la bienfaiſance, puiſque ces vertus peuvent éteindre le reſſentiment dans l’âme même du ſauvage.

Cette révolution ineſpérée a été l’ouvrage de M. Tobias qui, en 1772, gouvernoit encore les Marianes. Puiſſe ce vertueux & reſpectable Eſpagnol obtenir un jour ce qui combleroit ſa félicité, la conſolation de voir diminuer la paſſion de ſes enfans chéris pour