Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/54

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gueil & l’intolérance de la maiſon d’Autriche, entretenoient dans ſes vaſtes domaines, la pauvreté, la ſuperſtition, un luxe barbare.

Les Pays-Bas même, autrefois ſi renommés pour leur activité & leur induſtrie, ne conſervoient rien de leur ancien éclat. Le voyageur, qui paſſoit à Anvers, regardoit avec étonnement les ruines d’une ville autrefois ſi floriſſante. Il en comparoit la bourſe avec les ſuperbes édifices du paganiſme après la deſtruction du culte des idoles. C’étoit la même ſolitude ; c’étoit la même majeſté. On y voyoit les citoyens indigens & triſtes ſe promener, comme on vit ſous Conſtantin les prêtres déguenillés errer autour de leurs temples déſerts, ou accroupis aux pieds de ces autels où l’on immoloit des hécatombes, dire la bonne aventure pour une petite pièce de cuivre. Anvers, qui avoit été, durant deux ſiècles, le magaſin du Nord, ne voyoit pas un ſeul vaiſſeau dans ſon port. Bien loin de fournir aux nations leur habillement, Bruxelles & Louvain recevoient le leur des Anglois. La pêche ſi précieuſe du hareng, avoit paſſé de Bruges à la Hollande. Gand, Courtrai, quelques autres villes, voyoient diminuer