Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/55

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tous les jours leurs manufactures de toile & de dentelles. Ces provinces, placées au milieu des trois peuples les plus éclairés, les plus commerçans de l’Europe, n’avoient pu, malgré leurs avantages naturels, ſoutenir cette concurrence. Après avoir lutté quelque tems contre l’oppreſſion, contre des entraves multipliées par l’ignorance, contre les privilèges qu’un voiſin avide arrachoit aux beſoins continuels du gouvernement, elles étoient tombées dans un dépériſſement extrême.

Le prince Eugène, auſſi grand homme d’état que grand homme de guerre, élevé au-deſſus de tous les préjugés, cherchoit depuis long-tems les moyens d’accroître les richeſſes d’une puiſſance dont il avoit ſi fort reculé les frontières ; lorſqu’on lui propoſa d’établir à Oſtende une compagnie des Indes. Les vues de ceux qui avoient formé ce plan étoient étendues. Ils prétendoient que ſi cette entrepriſe pouvoit ſe ſoutenir, elle animeroit l’induſtrie de tous les états de la maiſon d’Autriche ; donneroit à cette puiſſance une marine, dont une partie ſeroit dans les Pays-Bas, & l’autre à Fiume ou à Trieſte ; la délivreroit de l’eſpèce de dé-