Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/94

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tation. La haine & la vengeance étoient les principaux reſſorts des événemens. Chacun regardoit l’état comme la proie de ſon ambition ou de ſon avarice. Ce n’étoit plus pour le ſervice public que les places avoient été créées : c’étoit pour l’avantage particulier de ceux qui y étoient montés. La vertu & les talens étoient plutôt un obſtacle à la fortune qu’un moyen d’élévation. Les aſſemblées nationales ne préſentoient que des ſcènes honteuſes ou violentes. Le crime étoit impuni & ſe montroit avec audace. La cour, le fénat, tous les ordres de la république étoient remplis d’une défiance univerſelle. On cherchoit à ſe détruire réciproquement avec la plus opiniâtre fureur. Lorſque l’on manquoit de moyens prompts & voiſins, on les alloit chercher au loin ; & l’on ne rougiſſoit pas de confpirer avec des étrangers contre ſa patrie.

Ces déſordres avoient leur ſource dans la conſtitution arrêtée en 1720. À un deſpotiſme révoltant, on avoit ſubſtitué une liberté mal combinée. Les pouvoirs, deſtinés à ſe balancer, à ſe contenir, n’étoient, ni clairement énoncés, ni ſagement diſtribués. Auſſi