Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/99

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de la vérité du cri de la calomnie ? Il faut attendre que l’intérêt & la flatterie aient ceſſé de s’expliquer, & la terreur d’impoſer ſilence. C’eſt alors qu’il ſera permis de prendre la plume, ſans s’expoſer au ſoupçon de capter baſſement la bienveillance de l’homme puiſſant, ou de braver inſolemment ſon autorité vengereſſe. Si nous nous taiſons, la poſtérité parlera. Il le ſait. Heureux, s’il peut jouir d’avance de ſon approbation ! Malheur à lui ! malheur à ſes peuples, s’il dédaignoit ce tribunal !

Paſſons maintenant aux liaiſons formées aux Indes par le roi de Pruſſe.

X. Le roi de Pruſſe forme à Embden une compagnie pour les Indes. Caractère de ce prince. Sort de ſon établiſſement.

CE prince, dans l’âge des plaiſirs, eut le courage de préférer à la molle oiſiveté des cours, l’avantage de s’inſtruire. Le commerce des premiers hommes du ſiècle, & ſes réflexions, mûriſſoient dans le ſecret ſon génie ; naturellement actif, naturellement impatient de s’étendre. Ni la flatterie, ni la contradiction ne purent jamais le diſtraire de ſes profondes méditations. Il forma de bonne heure le plan de ſa vie & de ſon règne. On oſa prédire à ſon avènement au trône, que ſes mi-